2 juin, date de la dernière publication… Il est grand temps que je reprenne la plume en main, ou plutôt le clavier! Mon AZERTY en l’occurence, ce qui me change du QWERTY maintenant devenu hispanophone. C’est d’ailleurs avec un pincement au coeur que je quitte le brésilien (ben oui, c’est quand même un peu différent du portugais, quand je chantais du fado ils ne comprenaient rien ;-)) pour revenir à l’espagnol, tentant de conserver les deux langues, ce qui a l’air de fonctionner pour le moment.
J’en étais donc resté au Jogo da Corda, première activité que j’avais organisée à Jacobina, avant une journée sur les banques de semences communautaires, suivie de près par une représentation de théâtre de rue pour parler des impacts sociaux et environnementaux de la mine d’or.
Jour 251
C’est finalement le 12 juillet à l’aube que j’ai quitté la “cidade de ouro”, sans dormir, ayant quitté mes amis tard dans la nuit pour ponctuer à l’arraché 3 mois très actifs. C’est en tentant de ne pas réveiller mes “frères” endormis que j’ai pris mon sac, et ai dit au-revoir à ce lieu conquis par le Padre José et sa clique. En traversant la ville endormie, le sentiment de quitter un lieu cher, mais aussi la joie de se remettre en route. Et une pensée à chaque coin de rue pour les bons moments passés, gravés dans ma mémoire. Quand je pense que certains me disaient que c’était dangereux de circuler la nuit: j’en rigole encore. Le Brésilien est au moins aussi craintif que le Belge. La télévision n’y est pas pour rien, évidemment. Une halte devant chez Josevaldo pour déposer le vélo qu’il m’avait prêté et laisser un mot à lui et sa famille, et puis la rodoviaria (gare des bus). C’est parti pour Brasilia, alors que le soleil se lève à peine. C’est même parti pour Goiâna car je prolonge dans le bus qui m’emmène, les R$ 30 encaissés par le chauffeur n’entrant dans aucune comptabilité sinon la sienne.
Jour 252
J’arrive après environ 24h de voyage à Goiâna, ayant rencontré Carlos, un jeune brésilien à l’esprit critique, à qui je refile toute une série de références. Assez fatigué, je décide malgré tout d’enchaîner pour Cáceres, tout proche de la frontière bolivienne, pour enfin refaire du stop. Arrêté vers midi dans une de ces stations dans lesquelles il n’y a qu’un restaurant hors-de-prix à un kilomètre à la ronde, j’éclate devant le prix du repas. D’habitude, j’essaie toujours de trouver autre chose, parfois ça marche, mais c’est chaud parce que le temps d’arrêt est minuté. Là, il y avait même des grilles tout autour du resto pour bien être sûrs que tout le monde passe bien par la caisse pour se faire entuber. Enervé, je ne pourrai pas m’empêcher de m’en prendre à la caissière :”Isso é roubo!”. Me replongeant dans le sujet des biocarburants que j’avais un peu délaissé, la suite du voyage est sans soucis et nous arrivons en début de matinée à Cáceres.
Jour 253
On m’indique le bureau de la police fédérale qui me permet d’avoir le précieux tampon de sortie, avec même un jour d’avance. Une fois cette bonne étape franchie, retour au stop. Personne ne me prend sur les 7 km qui séparent la ville de la route qui va vers la frontière! C’est en sueur que j’arrive pour demander de l’eau au poste de douane, nargué au passage par un gros fonctionnaire faisant de l’excès de zèle. Bon, c’est vrai que la photo de mon passeport ne me ressemble plus vraiment… Mais bon… Je m’arrête plus loin pour manger: comme d’habitude au menu riz, haricots, quelques légumes et des oeufs puisque j’ai demandé à ne pas avoir de viande, avant de boucler à pied ce qui reste jusqu’à la dernière ligne droite. Là, je rencontre un contrôleur qui me donne les horaires des bus. Je me rebattrai sur le dernier si le stop ne donne rien. C’est ce que je croyais faire, après des heures d’attente, sortant même la guitare pour me donner plus de chances, quand Ronal s’arrête. Je fais avec lui les 100 km jusqu’à San Mathias, avec passage en Bolivie.
Je passe deux jours à San Mathias, une ville pas trop sympa, où j’apprends que les Boliviens du coin n’aiment pas les Brésiliens (mal barré avec mon accent), et où la nourriture est très stéréotypée: poulet, ou viande pannée, frites et riz dans la même assiette et toujours les quelques misérables légumes dont j’apprends que tout est chimique. L’exception au niveau des pulvérisations semble être les oranges. J’en achète un bon paquet, ce qui me rafraîchit lors des journées torrides. Plus chaud que le Nordeste!
Jour 256
M’étant bien reposé, je me remets en route avec l’espoir de faire du stop, et si ça ne marche pas, de prendre le bus pour San Ignacio de Velasco. Peu de voitures, et une route poussiéreuse. N’ayant ni carte, ni nourriture, je décide de rebrousser chemin, et d’aller en bus jusqu’à San Ignacio. Dans le bus, je rencontre Adrian, qui termine ses secondaires dans un collège privé de San Ignacio. Je suis navré quand je me rends compte qu’ici aussi, il n’y a guère de choix alimentaire. On mange en plein surréalisme de la malbouffe dans un restaurant “chinois”, Pollo Pekin, où le poulet industriel-frites est servi devant un vieux film d’arts martiaux. Le père d’Adrian possède deux hôtels, et c’est gentiment qu’Adrien s’arrange pour que je passe la nuit dans l’un d’eux.
Jour 257
Comme mon hôte me fait visiter la ville le lendemain, je suis trop tard pour le stop. Aucune voiture ne passe ou alors ils vont juste un peu plus loin. Je rebrousse chemin en me disant que s’il y a un bus de nuit, j’irai encore via ce moyen jusqu’à Santa Cruz mais ce sera le dernier bus avant un moment! Il y a effectivement une « flota » pour seulement 50 Boliviens, soit environ 5 euros. J’achète le ticket, et suis parti pour une nouvelle nuit roulante, moins confortable cette fois.
Jour 258
C’est une belle drache qui m’attend à Santa Cruz, et la température est plus fraîche. J’appelle José, mon contact à Sucre, pour lui dire que je ne suis plus très loin de lui, mais que je vais faire le chemin en stop, en passant par les communautés paysannes. Car on m’a indiqué que les gens du marché vendent des légumes sans produits chimiques.
Jour 259
Ayant passé la nuit à l’hôtel, je me lève vers 4h pour rencontrer les maraîchers qui débarquent leurs légumes, pour apprendre qu’ils restent là en permancence mais que les camions font des allers-retours avec le village. Pas de bol, dans le camion, alors qu’on passe à-travers de superbes paysages montagneux, j’apprends qu’il n’y a rien de biologique là où ils vivent, à Los Negros. Déçu, et sentant les gens assez méfiants, je décide une fois arrivé que je vais aller directement à Sucre. J’apprends aussi que le stop est payant en Bolivie, à mes frais. Ce n’est pas cher, c’est clair, mais ça change la donne en terme de rapport non-intéressé, qui est ma motivation première pour le stop. Pour couronner le tout, le couple chez qui je mange une pizza, argentino-bolivien, me sert une pizza congelée vraiment pas fameuse et super chère, alors que je leur donnais des conseils d’agriculture biologique! Ayant trouvé une chambre pour passer la nuit, dans une annexe du restaurant tenu par une matronne aimable comme un porte de prison, je m’endors d’un sommeil lourd.
Jour 260
Je me lève bienheureux de quitter les lieux, croisant au passage une famille partant au champ, le père ayant au dos le matériel de pulvérisation faisant partie du package promu à souhait par les publicités énormes du coin. Faisant du stop à la sortie du village, une camionnette me permet de faire 15 bornes. A quelques kilomètres se trouve une bascule obligatoire pour les poids lourds. Là, Félix accepte de me prendre, et en plus il va à Sucre. Un autre voyageur m’accompagne dans la benne, il s’appelle Luis et est bolivien. Mais le voyage est difficile, et Félix pas très sympa finalement.
Jour 261
La nuit n’est pas des plus confortables, sur les sacs de riz et de ciment, mais le plus dur est la relation avec Félix. Un peu après que Luis soit descendu, arrivé dans son village, je décide de quitter le convoi moi aussi, devant l’incompréhension du chauffeur qui me voit gravir les lacets avec mon sac-à-dos et ma guitare, alors qu’on est à 60 km à peine de Sucre! Mais je retrouve mon indépendance, et ça fait du bien. Après une belle distance, j’ai droit à un p’tit lift de Seno, jusqu’à proximité de Surima, un petit village. La marche m’a épuisé, et c’est avec plaisir que j’accpete le tabouret que m’indique Fidel, petit commerçant du coin. Je me rends tout de suite compte que là je suis arrivé au bon endroit. Une discussion avec les locaux me remet d’aplomb, et Fidel me propose l’hébergement pour la nuit. Après un coup de fil à José, je retourne chez Fidel chez qui sont rassemblés les gens du coin. On parle beaucoup, et je sens que petit-à-petit je gagne la confiance même des plus fermés. La guitare est de sortie et c’est une superbe soirée en musique, ça faisait longtemps! Crevé, je laisse ma compagne de voyage avec Fidel et ses amis, qui continuent sur des chants en quechua, l’alcool aidant.
Jour 262
Je rencontre l’oncle de José qui par le plus grand des hasards habite Surima. Ensuite, je commence le stop et c’est une grande surprise pour moi que d’être pris directement par des gens de Cochabamba, allant livrer des poulets à Sucre. Ca monte drôlement et un peu avant midi, j’arrive à mon objectif. José me retrouve et écoute avec un peu d’incompréhension mon parcours mouvementé. Il se trouve qu’il connaît toutes les ONGs du coin, et compte bien me les présenter. Mais en attendant, un peu de repos!
sube las fotos de Presto. bye.