Montevideo, Eduardo es-tu là?

C’est un peu par hasard finalement que ma route est passée par Montevideo. Mais je me suis souvenu qu’elle a vu naître un de mes auteurs préférés: Eduardo Galeano. Me dirigeant vers le Café brasileiro de la « ciudad vieja », la vieille ville, « Las venas » en main, je n’espérais pas seulement une dédicace, mais également une interview de cet homme de coeur. C’est rapé… Il est en vadrouille. Néanmoins, j’ai lu la seconde partie du bouquin et ai appris un peu plus de l’histoire latino-américaine: la guerre de la Triple Alliance, un épisode encore douloureux aujourd’hui pour les Uruguayens qui ont de la mémoire, comme Eduardo, radiologiste passionné d’histoire qui m’a donné un lift entre Carmelo et Montevideo.

Nous sommes en 1845. Le Paraguay est un pays prospère, en fait le seul qui réalise un développement indépendant en Amérique latine. L’agent Hopkins, un nord-américain en visite dans le pays écrit qu’il n’y a pas un enfant qui ne sache lire ou écrire au Paraguay…  Or, la réussite paraguayenne s’est construite sans investissements étrangers, sans prêts de la banque d’Angleterre, et sans le béni libre-commerce vu que le pays applique des mesures protectionnistes… Le commerce anglais ne dissimule pas son inquiétude: la réussite de ce pays situé en plein centre du continent pourrait donner des idées aux pays voisins. C’est ainsi que le Brésil et l’Argentine, sous les ordres et avec les capitaux de Londres, forcent l’Uruguay à attaquer avec eux le pays de Solano López en 1865. La guerre dura cinq ans, et extermina 90% de sa population masculine. Mais du Paraguay déchu ne disparaît pas seulement son peuple, disparaissent aussi les taxes douanières, les acieries, la fermeture des fleuves aux navires étrangers, l’indépendance économique et de vastes zones de son territoire. Les vainqueurs imposent à l’intérieur des frontières réduites le libre-échange et le « latifundio » (possession d’immenses surfaces de territoire par une seule personne). Sur les ruines encore fumantes du Paraguay a lieu le premier prêt étranger de son histoire. Britannique, bien entendu…

Pourquoi ce petit bout d’histoire? Parce qu’on voudrait nous faire croire que l’Etat est le problème, et le libre-échange est la panacée. Parce que le mieux qu’il y aurait à faire, c’est de privatiser. Regardez la situation du Paraguay aujourd’hui… A qui profite le crime? On en reparle dans un prochain post…

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