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Grève générale des paysans en Colombie et répression

Je publie ici le message de Cynthia, gardienne de semences, sur la situation actuelle en Colombie, le 29 août 2013, depuis la France:

Bonjour à tous et a toutes!!!

Je ne voulais pas écrire un mail si long mais… c’est tout les sentiments qui me poussent à vous écrire… à vous, les copains, copines avec qui on partage ce sentiment de douleur pour la situation de notre planète.

Aujourd’hui nous, les gens qui defendons les semences en Colombie devons donner le débat aux institutions qui se rendent compte que ce n’est pas si facile de nous faire taire.

Ils ont passé la resolution 970 il y a trois ans. On s’est dit c’est grave, mais ils vont pas trop nous faire chier!

Résultat: 1.167.225 kg de semences (ou nourriture) confisquées aux petits producteurs et detruites par le ICA (Instituto Colombiano Agropecuario) en 2011, pour ne pas être certifiées: du riz, des pommees de terre, maïs, blé, petit pois, haricots, etc. Et tout ça, détruit pendant une année où la Colombie vivait une pénurie agricole due aux pluies!!!

En 2012 nous avons gagné une bataille. La loi 1518 de 2012, par laquelle ils voulaient imposer la UPOV 91 en Colombie (Exigeance du TLC avec les Etas Unis mais aussi avec L’Union Européenne), à éte declarée inconstitutionnelle pour n’avoir pas été consultée avec les paysans et les peuples autochtones.

Actuellement ils essaient de remodeler la 970. Nous, les personnes et institutions concernés devons donner notre avis avant 20 jours… PAR INTERNET!!! et pendant une grève qui est devenue une bataille de l’Etat contre les paysans!!! (9 jours de grève/guerre en Colombie!!! ).

Personellement je me suis dit, je vais la lire la 970: 47 pages complètement incompréhensibles pour expliquer comment faire pour produire et certifier les semences et ne pas être un criminel: JE N’AI RIEN COMPRIS et pourtant, j’ai passé plus de 8 ans à faire des études dites superieures! Et un paysan qui sait pas trop lire, mais qui sait mieux que moi faire pousser des graines et de la nouriture, va être un criminel pour pas connaître cette loi et pour pas donner son avis sur internet!!!. Sous quelle peine? La seule chose que j’ai compris: 4 a 8 ans de prison et amende de 26.6 a 1.500 salaires minimums.

Deux choses pour donner la bataille médiatique sur les semences en Colombie:

Documentaire Colombia 970:

Réponse de la directrice de ICA:

Réponse à la directrice de ICA de la part de la fille qui fait le documentaire, première partie:

Les choses deviennent dures en Colombie…

Enfin, nous avons l’habitude. Mais, les paysans se battent avec tout en ce moment et il y a un silence médiatique. Et ça fait trop mal: les images de paysans et paysannes de se faire agresser dans les manifs mais aussi chez eux, dans leurs maisons, les militaires menaçant avec leurs helicoptères et armes, mais sourtout, ce qui fait plus mal, c’est le silence…

http://www.eltiempo.com/Multimedia/galeria_fotos/colombia7/asi-fue-el-cacerolazo-en-tunja-boyaca_13014799-5

C’est pour ça que je vous écris. Je n’ai pas une proposition concrète ou une demande. Simplement si vous pouvez regarder le documentaire, les photos, les vidéos… de faire ce que chaqu’une/un peut faire…

Moi, je continue à faire ce que je peux… vous écrire ça fait partie. Je rentre en Colombie dans une semaine. Et je vais continuer avec notre reseau: (www.colombia.redesmillas.org) et avec la ferme (www.loskchimbos.blogspot.com).

Gros bisous

Cynthia

Montevideo, Eduardo es-tu là?

C’est un peu par hasard finalement que ma route est passée par Montevideo. Mais je me suis souvenu qu’elle a vu naître un de mes auteurs préférés: Eduardo Galeano. Me dirigeant vers le Café brasileiro de la « ciudad vieja », la vieille ville, « Las venas » en main, je n’espérais pas seulement une dédicace, mais également une interview de cet homme de coeur. C’est rapé… Il est en vadrouille. Néanmoins, j’ai lu la seconde partie du bouquin et ai appris un peu plus de l’histoire latino-américaine: la guerre de la Triple Alliance, un épisode encore douloureux aujourd’hui pour les Uruguayens qui ont de la mémoire, comme Eduardo, radiologiste passionné d’histoire qui m’a donné un lift entre Carmelo et Montevideo.

Nous sommes en 1845. Le Paraguay est un pays prospère, en fait le seul qui réalise un développement indépendant en Amérique latine. L’agent Hopkins, un nord-américain en visite dans le pays écrit qu’il n’y a pas un enfant qui ne sache lire ou écrire au Paraguay…  Or, la réussite paraguayenne s’est construite sans investissements étrangers, sans prêts de la banque d’Angleterre, et sans le béni libre-commerce vu que le pays applique des mesures protectionnistes… Le commerce anglais ne dissimule pas son inquiétude: la réussite de ce pays situé en plein centre du continent pourrait donner des idées aux pays voisins. C’est ainsi que le Brésil et l’Argentine, sous les ordres et avec les capitaux de Londres, forcent l’Uruguay à attaquer avec eux le pays de Solano López en 1865. La guerre dura cinq ans, et extermina 90% de sa population masculine. Mais du Paraguay déchu ne disparaît pas seulement son peuple, disparaissent aussi les taxes douanières, les acieries, la fermeture des fleuves aux navires étrangers, l’indépendance économique et de vastes zones de son territoire. Les vainqueurs imposent à l’intérieur des frontières réduites le libre-échange et le « latifundio » (possession d’immenses surfaces de territoire par une seule personne). Sur les ruines encore fumantes du Paraguay a lieu le premier prêt étranger de son histoire. Britannique, bien entendu…

Pourquoi ce petit bout d’histoire? Parce qu’on voudrait nous faire croire que l’Etat est le problème, et le libre-échange est la panacée. Parce que le mieux qu’il y aurait à faire, c’est de privatiser. Regardez la situation du Paraguay aujourd’hui… A qui profite le crime? On en reparle dans un prochain post…