Depois de Jacobina, caminhamos até Recife, Anelise e eu, sempre de carona. E depois de dois dias de viagem, chegamos à cidade da infância de Ane, mas somente por um dia, o voo de volta pra Porto Alegre já estava próximo.
Depois da volta de Ane, segui o caminho para Natal, a carona foi boa. Mais uma vez foram muitas emoções de ver toda a galera lá, em Natal como em São Paulo do Potengi, onde morei por dois meses no acampamento do MST. Acampamento que não reconheci, por tanto que mudou a situação. De 60 famílias acampadas, só sobram 15 efetivas. Mas aquelas que ficam têm agora roças melhores e barracas mais elaboradas do que antes, com barro por exemplo. Fiquei alguns dias em São Paulo, fizemos um jogo da corda pelo aniversário de Marcio em Natal, e já é tempo sair do país. Direção: Amazonas!
Si je suis resté longtemps silencieux, c’est parce qu’en effet, le MST c’est un gros morceau. En débarquant à Natal, j’ai tout de suite senti le vent néo-libéral souffler sur une ville ayant servi de base américaine lors de la seconde guerre mondiale. Au lieu de tourner le dos à cet état où la conscience écologique est embryonnaire et l’individualisme roi, j’ai choisi de rencontrer le MST dans ce climat peu alternatif. Via le MST, et sa lutte pour la réforme agraire au Brésil, j’ai investi la difficile question de l’accès à la terre, condition première … pour produire des aliments! J’ai pris conscience d’être un sans-terre moi aussi, et qu’une réforme agraire serait tout à fait à l’ordre du jour en Belgique aussi… Dans un autre style bien sûr: dans notre cas, c’est comment revenir à des exploitations à taille humaine, et donc rediviser les terres. Mais on ne peut pas considérer nos braves paysans, devenus agriculteurs, et ensuite devenus malgré eux entrepreneurs agricoles comme les fazendeiros brésiliens, possédant des terres démesurées dans un pays de 283 fois la surface de la Belgique!
Loin des tapis rouges, j’ai vu à quel point il est difficile de penser collectif et écologie dans les acampamentos (campements du MST) de l’état de Rio Grande do Norte. Corruption, crimes impunis, aides sociales et profiteurs du système, la branche locale du MST lutte contre un paradigme capitaliste dont elle a elle-même du mal à se défaire. Car la priorité est, de loin, d’améliorer sa condition financière. Si augmenter ses revenus est tout à fait légitime, le mythe poursuivi présage un déclin de l’agriculture paysanne, tout comme ce fut le cas chez nous. L’accent est mis sur l’éducation, et la génération à venir ne semble pas prête à porter le flambeau qui sera repris avec plaisir par l’agro-business. Bref pas tout rose en termes de résultats, mais c’est intéressant de rencontrer les difficultés du terrain auxquelles est confronté le MST. J’aurai l’occasion dans la suite de rencontrer des exemples plus probants de l’action du mouvement.
Et en attendant, j’ai beaucoup appris de la réalité brésilienne, et de la langue aussi. Je maîtrise chaque jour un peu mieux le Portugnol, au point d’être pris pour un Argentin (certains trouvent que mon look d’acampado me rapproche du Che…). Et je laisse comme d’habitude beaucoup d’amis sur la route, à qui je souhaite beaucoup de volonté et de courage, afin de préserver l’agriculture familiale. Je laisse aussi des airs de guitare, des chants, de la poésie,… des morceaux de la Mystica du MST, qui porte en elle un rêve de société juste et solidaire, nourrissant l’âme de braves militants qui oeuvrent à contre-courant d’un Brésil sur lequel est inscrit: ordem e progresso (ordre et progrès). Le progrès envisagé pour l’instant nécessite effectivement un maintien de l’ordre…
Une petite chanson un soir, devant la baraque de Luis, la guitare passant par là…