Il y a maintenant 2 semaines s’achevait Rio+20, la conférence des Nations Unies sur le Climat. Le ton était donné avec le titre: économie verte. On est dans le capitslisme vert le plus pur, sans même plus vouloir le cacher. Economie verte, ou « comment va-t-on vendre ce qu’il reste de ressources? » au lieu de réfléchir à comment récupérer notre patrimoine commun, nos biens communs, dont l’accaparement par une minorité menace non pas la planète mais en premier lieu notre propre espèce.
Si l’événement médiatique de Rio+20 n’augurait rien de bon donc, le sommet des peuples sensé donné la riposte populaire a lui aussi déçu, l’événement n’affichant pas clairement les valeurs d’une société civile qui piétine encore dans son articulation. Au lendemain de l’événement, c’est un peu la sensation d’avoir manqué une belle occasion qui habitait d’ailleurs bon nombre de militants.
Une désertion en question
Critiquant ouvertement la conférence des Nations Unies, une grande partie de la société civile a boycotté l’événement médiatique Rio+20, se concentrant uniquement sur des actions directes (manifestations) ou sur la présence au sommet des peuples. Ce fut ma démarche aussi. Je le regrette aujourd’hui, car il aurait été très judicieux de faire le lien de l’intérieur avec ceux qui œuvrent réellement pour le changement, et ainsi fortifier une coalition de la société civile, occupant l’espace médiatique disponible. Bien que la marge de manœuvre soit faible dans l’élaboration du texte final, je crois que cela aurait permis de plus diffuser nos valeurs, nos alternatives. Cela rejoint tout un courant de pensée qui vise à boycotter les institutions officielles jugées illégitimes (non-participation aux élections, refus de communication avec les grands médias, refus de dialogue avec les autorités). Jugeant que la situation est urgente et que les moyens de communication sont une clé pour se faire comprendre, je ne suis pas partisan de cette attitude et fais mon mea-culpa. Nous aurions dû à mon sens occuper beaucoup plus cet espace de Rio+20. Ceci dit, une belle action a eu lieu et fut filmée par les «permacyclistes » Dave et Annabelle, ci-dessous:
De la désorganisation des forums à la dilution du message
Depuis ma première participation à un forum social, je ne peux qu’observer les problèmes d’organisation auxquels ces forums sont confrontés. Certes, celle-ci repose bien souvent sur quelques personnes (souvent les mêmes) qui disposent d’un budget limité. Cependant, un événement prévu de longue date comme le sommet des peuples aurait pu générer d’autres dynamiques. La grande dispersion et variété des activités et l’absence d’un accès au programme complet ont miné l’événement, le message central « contre la marchandisation de la vie et pour la défense des biens communs » a disparu au profit du message beaucoup plus évasif « pour la justice sociale et environnementale ». Le thème importantissime des biens communs n’a donc pas percé comme il aurait dû. Sans compter les stands « comment faire du business vert » ou l’arène socio-environnementale pullulant de membres du gouvernement brésiliens. Dans certains cas, on peut même parler de sabotage, comme celui des « bus » mis à disposition pour aller à une manif interdite qui ne sont évidemment jamais arrivés!
Des ateliers participatifs de qualité
Dans les multiples espaces autogérés, le travail de fourmi a là porté ses fruits. Des débats de qualité avec des propositions concrètes. En ce qui me concerne, j’ai animé un jeu de la ficelle enrichi de plein d’alternatives, dont pas mal rencontrées durant le voyage. Ces espaces ont permis une belle réflexion chez les participants; ont-ils permis de faire les liens et d’acquérir une approche systémique? Sans doute pas encore assez, mais les énergies issues de ces groupes étaient très positives.
Pour apprendre
Loin de se désanimer des erreurs constatées, il est plus que jamais le temps de réfléchir à la façon de gérer de telles rencontres internationales pour réaliser une union plus forte de nos mouvements, dans leur diversité, autour de quelques questions essentielles. Les biens communs feront leur chemin, nous y arriveront mais il est temps de leur donner la place centrale qu’ils méritent. Quelque soit le niveau d’organisation, toute rencontre de ce type crée toujours plus de liens entre thématiques, entre organisations, entre nations. Basé au campement des jeunes, j’ai hébergé deux représentants congolais, Aimé et Yannick, arrivés de Kinshasa pour représenter les jeunes congolais. Belle coopération entre nous, et beaux échanges qui nous permettent de renforcer notre vision commune de justice internationale.
On fera mieux au prochain, c’est sûr! En attendant, continuons à transformer nos territoires, il y a plein de belles initiatives locales qui remontent vers le niveau politique. Je retourne aux alternatives, et espère vous donner de belles émotions, par la preuve qui si nous pouvons changer les choses, et que notre union n’est qu’une question de temps.
Pour aller plus loin:
- Les biens communs, c’est à lire, et ça se trouve ici notamment.
- La déclaration finale de Rio+20 est disponibles ici.
- Celle-ci fut rejetée par la société civile présente à la conférence Rio+20.
- J’ai apprécié la communication du mouvement Indignados/ Indignés/ Occupy/ Ocupa qui est une belle synthèse de revendications concrètes.